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Cognacq-Jay 1940, la télévision française sous l'occupation

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Author Editor
Kubler, Thierry, Lemieux Emmanuel
Publisher ISBN
Éditions Plume, France
Paris
2-7021-1926-3
Date of issue / Date of first publication Periodicity
1990
Format Pages
223
Print Type Type
Books
Short Description

La télévision française vécut en son enfance une aventure surprenante qui eut pour toile de fond, assez floue, la France occupée de 1943 et 1944. A l’initiative de chercheurs et de journalistes allemands désireux d’utiliser l’émetteur de télévision de la tour Eiffel, considéré comme « le plus puissant du monde », un accord fut en effet signé entre Vichy et le gouvernement allemand pour remettre sur pied l’antenne et le studio. Les équipes techniques se connaissaient déjà bien puisqu’el les collaboraient depuis plusieurs années, un accord-cadre avait par exemple été conclu en 1936 entre la Compagnie des Compteurs et Telefunken pour développer en commun la recherche sur la télévision. A ce moment- là, la controverse entre télévision mécanique et télévision électronique n’avait pas encore été tranchée mais les Allemands avaient opté dans leurs recherches pour la seconde et méprisaient consciencieusement la première, défendue par les Français et par René Barthélémy de la Compagnie des Compteurs. Le vainqueur ne transigea pas, il trancha, en faveur de la seconde.
La station fut mise sur pied avec une grande rapidité, des locaux furent trouvés, une équipe recrutée et la télévision s’installa, pour un demi-siècle, rue Cognacq-Jay. Le prétexte invoqué par ses promoteurs était de faire des émissions pour remonter le moral des soldats allemands blessés et soignés à Paris. Ainsi deux cent cinquante récepteurs furent installés dans des hôpitaux.
Financée par la Radiodiffusion française - et avec une largesse qu’elle ne connaîtra plus - Fernsehsender Paris, c’ est le nom de la station, commence ses programmes en mai 1943 et est officialisée en septembre de la même année. Pendant une petite année, jusqu’au mois d’août 1944, elle va diffuser chaquejour plusieurs heures de programmes. Si la prouesse technique est déjà étonnante, plus surprenante encore est l’équipe qui réalise les émissions. Kurt Hinzmann, l’officier allemand qui en est responsable, décrit comme « un aventurier de haute volée », protège une équipe pour le moins composite, un faux Suisse berlinois qui devient l’âme des programmes, une speakerine juive, des innovateurs passionnés par la télévision, nombre de jeunes gens peu soucieux de goûter au S.T.O., un anarchiste belge, un militant nazi, de juifs et... le père de Johnny Hallyday, le metteur en scène Jean-Michel, ses cousines, danseuses, etc. Tout ce monde est soudé par un enthousiasme certain pour la télévision mais aussi par un désir non moins grand d’échapper au front de l’est ou au S.T.O. Jamais équipe de télévision n’ a fonctionné avec si peu de problèmes car une panne, une interruptin risquerait d’attirer l’attention dangereuse de la Propaganda Staffel. Grâce à l’entregent et au réseau de connaissances de Kurt Hinzmann, les contrôles sont plus que limités. Les programmes sont faits de télé-cinéma, de morceaux de cirque, de pièces de théâtre et même d’émissions de variétés en direct, tout cela en deux langues alternées, allemand et français.

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Description

Les auteurs ont recueill un grand nombre de témoignages et en particulier celui de Kurt Hinzmann. Ils apportent la primeur d’un épisode que les historiens ont jusque- là ignoré. On passera vite sur les premiers chapitres qui n’apportent rien d’inédit et qui reprennent les approximations de leurs prédécesseurs. C’est l’ aventure de Fernsehsender Paris qui fait tout l’intérêt du livre. Le propos est enlevé, parfois même romancé. L’ ouvrage ne promet pas plus qu’ il ne peut tenir : un récit anecdotique où c’est l’histoire elle-même qui compose la trame du récit. Très classiquement, le livre juxtapose deux genres sans jamais les confronter : l’histoire des hommes et l’histoire des machines.
Comment vendre des postes s’il n’y a pas de programmes ? Et comment financer des programmes si personne n’a de poste ? La télévision des années quarante se pose alors la question - éternelle et erronée - des innovations de communication, que l’on retrouve aujourd’hui appliquée à la télévision haute définition. A cette phase de l’histoire de la télévision, ce fut le dirigisme des Allemands et la Bourse d’un pays occupé qui tranchèrent le débat.
On regrettera que l’ouvrage ne dise rien du public des émissions. Si l’on voit quelques soldats écrire de temps en temps pour manifester leur mécontentement, si l’on apprend que les militaires anglais en surveillaient les programmes, rien ne nous est dit des conditions de réception, de la qualité des postes, du nombre de spectateurs... Sans doute, le livre reflète-t-il bien le point de vue des promoteurs de l’opération, apparemment fort peu intéressés par leur public, se souciant bien davantage des questions techniques, des réalisations artistiques et de leurs relations avec le service de la propagande, attaché au commandement militaire allemand.

Recension de Cécile Méadel

https://www.histoiredesmedias.com/Cognacq-Jay-1940-La-television.html

Created: Franz Harder (13.Oct.22) available by: Bernhard Auer

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